La sexualité humaine et ses différentes expressions, hétéro, homo et bi, a connu de profonds bouleversements : divorce par consentement mutuel, pilule contraceptive, droit à l’avortement ont durablement dissocié reproduction et sexualité, les femmes accédant avec le temps à un statut « égal » à celui de l’homme.
D’autres bouleversements ont précipité l’évolution sexuelle en marche . L’affirmation de la communauté homosexuelle, le vote de la loi du Pacs, ont permis, de manière toute relative, à la bisexualité et à l’homosexualité de « rentrer dans les mœurs » », relativisant le statut supérieur et dominant de l’hétérosexualité . Dorénavant, la recherche de plaisir est devenue l’un des buts principaux de la vie et de la sexualité au détriment de la seule procréation.

Peut-on se satisfaire d’une sexualité qui ne prendrait comme but sexuel normal que l’attirance d’un individu pour les organes génitaux du sexe opposé au sien ? Le mouvement de libéralisation des humains et de leur sexualité, impulsé notamment par Freud, Reich, Kinsey, Masters et Johnson, doit être poursuivi . Et la liberté passe aussi par la sensualité . Michel Foucault l’a démontré dans son archéologie des discours sur la sexualité : le sexe est la cause et la conséquence de tous les phénomènes de notre vie comme il commande l’ensemble de l’existence sociale.

On se doit donc aujourd’hui d’explorer de nouvelles voies ; de redonner toute leur place aux jeux encore très décriés il y a peu, de se hasarder sur des chemins déviants de satisfaction sexuelle, de se mettre face à tous ses désirs, d’expérimenter d’autres organes comme source de satisfaction, de (re)découvrir toutes les potentialités érogènes de n’importe quelle partie du corps.

Nous nous penchons donc ici sur l’anus qui est le continent perdu (oublié ?) de la masculinité et de l’hétérosexe . Il tient un rôle particulièrement important dans la sexualité masculine car il donne accès à la prostate .

Il permet également à la femme sodomisée de se masturber tranquillement le clitoris . Comme nous l’avons vu, l’anus et le rectum comportent bien plus de terminaisons nerveuses susceptibles de provoquer du plaisir que le vagin (car celui-ci, beaucoup moins innervé, ne possède de terminaisons nerveuses qu’à son entrée). Qui plus est, l’homme possède une prostate potentiellement jouissive et équivalente au point G féminin .

Pour Beatriz Preciado*, « L’anus présente trois caractéristiques fondamentales qui en font le centre transitoire d’un travail de déconstruction contra-sexuelle.

L’anus est l’embouchure du tube digestif. Bien que le rectum signifie « droit » en latin, il présente en fait plusieurs courbes .

L’une, orientée vers le nombril, est formée par une série de muscles jouant un rôle important dans la prévention de l’incontinence. La seconde s’incline vers la colonne vertébrale. Le rectum forme un anneau riche en vaisseaux, nerfs et muscles, afin d’assurer les fonctions sphinctériennes.

Il ne dispose pas de fonctions naturelles de lubrification. Il peut être pénétré facilement en ayant été bien préparé et lubrifié. Il est fermé par deux muscles différents : le sphincter anal interne qui représente l’épaississement terminal de la couche musculaire circulaire de l’intestin qui n’est pas commandé volontairement, et le sphincter anal externe qui peut être contrôlé volontairement .

Ce sphincter réagit à la peur et à l’anxiété en se contractant . Il demande donc une attention et un doigter particulier pour bien se détendre. Le travail de l’anus et la sodomie sont tout autant une pratique physique que psychologique et spirituelle. La muqueuse de la partie supérieure du rectum est identique à celle du gros intestin . Elle se transforme ensuite en peau sur la partie externe de l’anus.

Les idées préconçues liées à l’anus. L’anus et sa pénétration restent encore tabous et cette pratique fait encore, dans certains pays, encourir la peine de mort . Le poids des interdits pèse sur nos consciences . Le rectum est également le lieu de la défécation et des fèces . Il provoque donc souvent rejet et répulsion .

Dans les années 1980, le coup de grâce à été donné par le sida : la sodomie devenait la pratique la plus contaminante . Il n’empêche que nous sommes nombreux à aimer le sexe anal. D’autres le détestent.
D’autres encore ne l’ont pas essayé et en sont curieux. Et beaucoup de personnes sont attirées par lui justement parce qu’il est tabou et mystérieux .