L’introduction du poing dans le vagin ou l’anus, est une pratique douce, lente et conviviale. On le pratique que l’on soit une femme ou un homme ou bien unE trans et que l’on soit hétéro, bi ou homosexuel : pansexuelle.
Aujourd’hui, le fist est une pratique de plus en plus courante dans le milieu gay, mais aussi dans la communauté hétérosexuelle (groupuscule majoritaire pour combien de temps encore vu l’évolution des mœurs et la décadence du système patriarcal hétérocentré, haha ?). Le fist correspond à une nouvelle Ère sexuelle, ou l’on passe du paléophallique reproducteur au tantrique fist métaphysique. Peut-être la plus grande révolution sexuelle récente de toute l’humanité (à laquelle on doit rattacher le développement du BDSM, du scat et des fétichismes cuir, latex et j’en passe et des patata). La popularisation des drogues par leur effet désinhibant, relaxant et anesthésiant n’y est pas pour rien.
Avec le fist, on se défait enfin de la suprématie de l’érection triomphante, complexante et source d’angoisse de performances (marketing et capitalisme) pour atteindre le nirvana de la paix sexuelle libératrice.
Qui plus est, le fist donne aux femmes un phallus imposant et radieux. Tantrique fist également, car cette pratique se joue souvent de l’injonction de la sacro-sainte éjaculation, reproductive, son apothéose. On peut se faire fister pendant des heures sans jouir ni éjaculer sans que cela ne pose le moindre problème.
La sexualité n’est pas chronométrée, mais libre et triomphale. Fini les préludes, les postludes et le temps moyen du coït (5 minutes 10 minutes, plus ? Ne soyez pas présomptueux), place à une sexualité orgasmique éternelle, quasi divine, car se rapprochant du grand Tout : les partouzes gays peuvent durer 12 heures voir 24, 36, 46 heures et plus. Véridique ! Inutile de préciser qu’à ces petits jeux-là, les chems (drogues) coulent à flots. Et engendrent leurs lots de pratiques à risques de tous ordres (Le Gay tapant y reviendra prochainement).
Aujourd’hui, avec la prolifération de la pornographie et de l’étalage des « bons sentiments » (comme sur ce blog LOL ita), plus personne n’a honte de quoi que ce soit et la libération poursuit son chemin. Cela ne pose et ne posera bientôt plus problème de dire qu’on se prend des mains dans le derrière. Quand « fist-moi ! », remplace « baise-moi ! » (Salut, Virginie !). Bien que le fist reste encore un des tabous extrêmes aujourd’hui (avec le scat notamment).
Cérémonie subversive, car se déjouant de la reproduction et des organes sexonormés, Le FF se donne comme il se reçoit. La sexualité fistique est dans tout et actuellement, les chems se propageant, submerge notre sexualité pour la tsunamiser de plaisir. Au cogito pornophilisophique « je bande donc je suis » (titre de mon premier roman lol) se substitue le « je fist donc je suis ». Et cela, tout le monde peut y arriver dans un salut vainqueur et triomphant, le poing dressé devant l’éternité, furibard et fier.
On ne naît pas fisteur, on le devient. Le fist est un art sexuel, une culture, qui nécessite un certain apprentissage, connaissance et contrôle de son propre corps, la capacité de s’ouvrir totalement à l’autre, et permet d’établir une connexion extrêmement intime entre les partenaires, quasi spirituelle, voire métaphysique. Nos mains ont des doigts, les doigts ont des yeux, mais beaucoup de personnes oublient que la main est un organe capable de pénétrer des orifices.
Le fisting consiste à se servir de quelque chose qui existe déjà (la main), et de l’utiliser différemment tout en étant créatif. Le résultat est spectaculaire et glorifiant. Extatique.
C’est l’une des pratiques sexuelles qui demande le plus grand apprentissage. On doit parler d’éducation au fist autant physiologique que mentale. Cela peut prendre du temps, on peut s’y reprendre à plusieurs fois, sur des semaines, voir des mois. Avec le fist, on apprend à se défaire de la nature. En amont, il y a tout un protocole de préparation pour une pratique safe qui peut prendre plus d’une heure entre les lavements, l’hygiène des mains et l’application de lubrifiants. Car le fist peut être vecteur du VIH et de l’hépatite C, s’il n’est pas protégé par des gants.
« Cette pratique me semble particulièrement symbolique d’un partage entre deux personnes, qui dépasse ce qu’on connaît de binaire en termes de sexualité. Il y a bien un-e personne pénétrant-e et un-e personne pénétré-e, mais ce n’est pas forcément un homme et une femme, et pas forcément la femme qui reçoit » Wendi Delorme.
Aujourd’hui, à l’heure du smartphone, on peut faire l’amour, c’est-à-dire surconsommer du sexe, sans connaître le prénom de son partenaire. La sexualité backroomesque des pédés s’est digitalisée et concerne tout le monde, homo comme hétéro. Le fist, c’est un peu l’inverse.
Pour Frédéric, sex performer « Il faut bien être deux dans cet échange. Oui l’acte est sexuel, mais il n’est pas que cela. Lorsque je rencontre l’homme qui va s’offrir à moi lorsque je suis actif, j’ai besoin d’un minimum d’informations sur lui. Entendre le son de sa voix, voir qui il est, comprendre son désir, sa quête du plaisir à travers l’acte qu’il attend, tout cela se découvre au fur et à mesure de l’acte. J’ai besoin de sa confiance, mais j’ai aussi besoin qu’il ait confiance en moi. À partir du moment où la notion de respect qui me semble totalement indispensable entre les deux partenaires est l, la dimension spirituelle existe. C’est une communion entre deux corps, le sentiment d’amour n’est pas nécessaire, mais le respect lui est indispensable. Nous sommes dans une croyance échangée, celle dcapacitépacit recevoir l’autre, cellecapacitécapacit donner à l’autre. En découle ensuite, une certaine plénitude, un abandon » dit Frédéric.
Comme pour toutes techniques sexuelles, et même plus encore, il convient de respecter son partenaire, de rester à l’écoute de celui-ci et de son corps, de bien savoir juger si c’est le moment propice pour tel ou tel acte. D’initier avec délicatesse l’acte et de laisser le temps à la ou le partenaire d’apprécier et d’en demander plus !
Toutes les techniques sexuelles sont bonnes, elles doivent juste être bien réalisées, ne pas être une obligation, mais être une demande (formulée ou pas, des deux partenaires, souvent le corps quémande plus que l’esprit surtout quand il est cajolé et que le plaisir monte en lui !)
L’amour, le sexe et le fist sont un échange, un don de soi, une écoute de l’autre, de son corps, de ses plaisirs, parfois un éveil, une révélation ! Une main n’est pas un phallus et la symbolique qui se rattache au fist est d’un tout autre domaine, beaucoup plus puissant que celui d’une simple pénétration phallique.
Il existe dans le fist un fantasme d’incorporation, car mettre son poing dans les entrailles de sa ou son partenaire est un plaisir sans aucune mesure, une communion. Ce ne sont plus deux corps, mais un seul corps réuni.
Il existe une sorte de cannibalisme sexuel dans le fist. C’est une fusion totale et incommensurable. Une autre dimension que le classique coït. Le corps est solidement planté sur un autre avant-bras.
Pour Agnes, militante prosex, «le fist fait partie d’une stratégie d’invasion. Fister son partenaire au fil d’une très progressive victoire, c’est prendre possession d’un territoire vierge dont on s’amuse repousser toujours plus loin les limites. La première fois, ce sera 5 doigts. Puis on passera le cap des troisièmes phalanges. Puis on parviendra à entrer jusqu’au poignet… Chaque étape fait l’objet d’une bataille. Il s’agit de vaincre les résistances qui prennent forme de façon palpable : lorsque le partenaire a peur, ou qu’il n’est pas prêt psychologiquement, ses intestins font blocus. Il se ferme.» Agnès.
On peut sentir les états d’âme en pénétrant dans cette zone du corps, parce que c’est celle des émotions, plus ou moins nouées. Les intestins, c’est le nid de vipères de nos affects. Siège des chakras du nombril, pubis et pelvis. Il y a donc une forme de «forçage» dans le fist qui rend cette pratique encore plus émouvante et belle, dépucelage de l’âme… Quoi de plus beau que de sentir l’autre s’ouvrir à vous, baisser ses défenses intimes, lorsque des passages s’ouvrent à l’intérieur de son colon ? On rentre au plus profond de l’être. On touche son âme.
PS : pour aller plus loin on lira mon guide pratique «Osez le fist fucking pour elle et lui» (Ed. Osez extremes, 2014, Alixe/La musardine) ici et «Fist» de Marco vidal, (Ed Zones, 2015).